Accueil > La vitrine > "Mescladis"
Aïe ! Nous sommes sûrs que le nom de cet article de menu qui vous conduit ici, vous a "un peu" interpellé. Vous vous demandez ce qui nous est passé par la tête… allez, on va vous expliquer :
Construire un site, rechercher les mots les plus justes, essayer de ne pas déformer ce qui est issu de chez nos amis Anglo-Saxons, tout cela est fait quasiment par une seule personne. Quelquefois, la pression monte et on a envie de se lâcher !
Bref, un soir, nous nous apercevons qu'il devrait y avoir une section, sur ce site, où nous pourrions parler un peu de tout, de nos idées, envies, humeurs, vous faire partager anecdotes et découvertes, un peu de culture (très humblement) aussi…
Nous avons demandé à Sandrine (voir "l'équipe") comment, en un mot, elle nommerait une page comme celle-là. Sa réponse fut immédiate : "Pêle-Mêle". Nous avons trouvé cette idée assez bonne… nous voilà donc partis dans la création de cette page… mais quelques instant après, Sandrine change d'avis : "Non, il faut appeler ça "mescladis" ! Notre réponse a été tout aussi immédiate : "chiche" !
Donc voilà cette page "mescladis"... en fait, c'est un peu notre blog, comme on dit de nos jours !
Un mescladis, qu'est ce que c'est ?
Nous sommes Occitans et quelquefois certaines expressions en Occitan nous parlent plus que d'autres. Rappelons qu'ici, on dit "chocolatine" !
Donc, un mescladis est un nom qui vient du verbe Occitan "mesclar" (mélanger). En gros, ça peut vouloir dire : mélange, bazar... voilà vous êtes donc sur une page où il y aura tout ce que nous n'avons pas pu classer ailleurs !
Les articles se présentent sous forme de blog.
Nous y mettrons :
17/02/2024
Idées reçues, chapelles, individualisme, entre soi, inaction et "non" communication… ou, comment s'éloigner de "l'excellence"
Encore une fois, je risque de ne pas me faire que des amis. Tant pis !
De par notre passion (notre métier), nous rencontrons beaucoup de personnes, de tous milieux, de tous âges, professionnels, amateurs, expérimentés, débutants, maîtres, disciples, formateurs, élèves, ouverts, fermés, hommes, femmes, non genrés (je n'ai pas pu m'en empêcher !), artistes, ouvriers, créateurs, exécutants, et cela dans les domaines des travaux du bois, de la pierre. Je suis né dans ce milieu, il y a soixante-deux ans et y travaille avec passion et volonté de partager, de transmettre, depuis 1980.
Je n'ai évidemment pas la prétention de tout savoir ou de croire que seules mes idées sont valables. En revanche, j'ai pu voir les évolutions des milieux professionnels que nous côtoyons de très près au quotidien.
Aujourd'hui, nous constatons que beaucoup de personnes ont une grande attirance pour ces domaines, ces métiers artistiques ou artisanaux comme :
Certains franchissent les pas d'autres n'osent pas. Certains en font leur métier, souvent au prix de très grand sacrifices, d'autres vont se satisfaire d'en faire une passion, au sens "amateur" du terme.
Tout cela nous encourage… mais… il faut se battre, tous les jours, contre ce que j'évoque en sous-titre de cet article. Dans ce qui suit, concentrons nous par exemple, sur le domaine du travail du bois.
Tout jeune, on me parlait de :
La façon dont on m'évoquait tout ça m'imposait d'avoir un immense respect, que j'ai toujours d'ailleurs, toujours intact, pour ces institutions, ces "monuments des savoir-faire" qui ont fait la réputation de la France, depuis le XVIIe siècle jusque vers la première moitié du XXe siècle.
Nos amis Américains sont d'ailleurs friands de tout cela et en font la base de leur "littérature technique".
Mais force est de constater qu'aujourd'hui, le phare de notre excellence n'éclaire plus grand-chose !
Quelques constats :
Ceux qui ressentent le besoin d'aller vers une pratique du travail du bois, depuis quelques années, vont d'abord sur Internet et les réseaux sociaux. Et là, que trouvent ils ? Des vidéos, des articles, des livres venant souvent des USA ! Certes, grâce à quelques-uns, c'est un peu moins vrai depuis quelques années. Et sur quoi repose les vidéos, articles, livres américains ? L'excellence de l'art du travail du bois en France ! Roubo, Boulle sont des références !
Et aujourd'hui nos grands créateurs de contenus, sauf exceptions, ne sont pas issus des "monuments" évoqués plus haut. Est-ce "normal" ? Bien entendu : NON !
Alors : pourquoi ?
Je ne suis pas sociologue et parfaitement incapable de rédiger une explication détallée de ces raisons. Mais dans les grandes lignes :
Il y a certainement d'autres constats. Mais je suis déjà trop long ici.
En tout cas, aujourd'hui, c'est l'industrie qui forme "nos jeunes". On en arrive au fait que nous avons plus d'agenceurs, avec tout le respect que j'ai pour ce métier, que de menuisiers, ébénistes…
On entend : "houlà"… pour vivre du massif, du travail manuel, c'est compliqué !".
Là aussi, pourquoi ? Et bien encore une fois, parce que nos professions n'ont pas su communiquer. L'image du "massif" reste : le rustique, le meuble de style (Louis XV, par exemple). Ces styles sont souvent passés de mode. Les Ikea et consort se sont engouffrés dans la brèche pour nous proposer leurs "meubles", certes souvent bien conçus, bourrés de colle et autre produits chimique, fabriqués sans âme ni passion à l'autre bout du monde et bien entendu "non-finis" puisque c'est à nous de les assembler ! Nos "professionnels" ne savent pas communiquer sur le fait que quelques-uns de nos ébénistes modernes sachant travailler à la fois à la machine et aux outils à main, peuvent offrir des meubles sur mesure, conçus selon vos désirs, à votre image ; des meubles "moderne", beaux qui ont une âme.
J'ai "piqué" pour illustration, la photo d'une extraordinaire réalisation de Julien Hardy :
"Forêt Noire" (Enfilade contemporaine en Chêne massif, Chêne des marais fossile plaqué, Amarante, Buis, Acajou et Grenadille d’Afrique).
Je ne pense pas qu'il m'en tienne rigueur !
Nos professionnels n'ont pas lutté. Ils ont suivis, construits des usines, d'abord en France puis dans des pays à bas-coûts. Ils ont suivi… pas lutté. Ils n'ont pas su imposer que nos savoir-faire pouvait s'adapter, proposer autre chose.
Evidemment, on rétorque que le prix est un frein. Mais, là aussi, comme pour beaucoup d'autres choses, où est la logique d'aller chercher moins cher très loin et d'enrichir ces lointains pays (au passage encore plus loin de nos "normes sociales, politiques, sociétales"). Acheter loin, des produits de piètre qualité, c'est nous appauvrir nous même ! Encore une fois nous sommes dans des visions "cout-termistes" ! L'économie locale est un cercle vertueux. Ne parlons pas ici d'écologie, de développement durable ! Nous alimentons nous-mêmes la spirale qui nous entraîne vers le bas !
Un Compagnon me disait hier : "on nous forme pour être rentables. L'amateur n'a pas cette contrainte". Oui, son constat est parfaitement vrai. Mais, justement, en faire le constat est avouer que son métier, sa passion (oui, il est passionné) sont condamnes à disparaitre… condamnés à mort ! Rentable : pour qui, pour quoi ? En France ? Cher Compagnon passionné : Quels que soient ta dextérité, ton niveau d'excellence, ta rapidité… sans changement des idées, des individus, des règles mondiales, tu resteras "ouvrier" au sens très péjoratif du terme. Alors que toi, cher amis Compagnon tu devrais être la fierté réincarnée, le vecteur de transmission de connaissances et savoir-faire séculaires ! Tu devrais vendre ton Art sans que personne ne discute le juste prix ! Mais… transmettre et communiquer, c'est aussi vers l'extérieur, vers ses clients !
Conséquence : les formation, la transmission des savoirs et savoir-faire se dégradent. L'être humain, devenu simple exécutant ne retrouve aucune fierté dans ce qu'il fait ! On est dans une "massification" ! On enlève toute fierté, toute personnalité… toute élévation, évolution !
Et pourtant, nos quelques échanges dans de fameux Lycées, avec des Compagnons, prouvent que, dans les placard, loin, très loin du "grand public", les savoir-faire sont toujours là. Il s'agit de les dépoussiérer, de les mettre en avant, de les valoriser, d'expliquer… de "former ses clients". Ce que nos énormes entreprises mondialisées savent parfaitement faire ! Sommes-nous trop stupides, trop "mous" pour nous laisser écraser ? Non, si on partage, si on communique, si on se groupe, si on rame dans le même sens. Le travail à faire est considérable. Il faut changer des mentalités (elles évoluent… mais lentement). Il faut s'ouvrir, sortir des chapelles, partager, communiquer.
Est-il normal que ce soit à un fabricant d'outils d'expliquer à quoi servent ses outils (pas les siens… mais ceux qu'il s'efforce à fabriquer tels qu'ils doivent l'être), comment on s'en sert, comment ils doivent être, pourquoi ils sont ainsi conçus ? Non, pas du tout. Ces "outils de métiers" ont été conçus par les Hommes de Métiers", afin qu'ils puissent développer leur art, atteindre l'excellence !
Les "pros" achètent des objets en forme d'outil… c'est moins cher. Inutile, mais moins cher ! Paradoxe monumental !
Un autre constat sur "l'ouverture des milieux professionnels vers l'extérieur" : D'excellentes revues telles que "Le Bouvet", "Couleurs Bois"… contribuent aux transmissions de l'excellence, des savoir-faire, des techniques vers les amateurs, les passionnés; de la même manière que le font de nombreuses chaînes YouTube (Cray Birkenwald, Olivier Verdier, Samuel Mamias, Creolignum, Lucas Mainferme (Atelier La Vivacia) et de nombreux autres que j'oublie ici), plateformes (L'Air du Bois…), groupes sur des réseaux sociaux… Eh bien, à notre grand désarroi, ils restent très méconnus des "milieux autorisés", preuve d'une absence flagrante d'ouverture ! En tout cas, ils sont moins connus qu'ils le sont des "amateurs".
Et en interne ? Nous constatons que parmi les groupes de Compagnons que nous côtoyons, beaucoup ignorent qu'il existe une compétition d'excellence : les Worlskills et que cette année c'est l'un d'entre eux qui représentera la France aux finales internationales à Lyon en septembre 2024. Pas normal : TOUS devraient le savoir et être debout comme un seul homme à pousser Benoît Dessioux ! Nous sommes sûrs que Benoît emportera la médaille d'Or. Mais avec tous les Compagnons, les passionnés, tous unis derrière Benoît, il serait évident, incontestable, sûr, certain que Benoît nous ferait partager sa joie en septembre !
Benoît Dessioux et ses pièces d'entraînement
Je cite ici les Compagnons, parce que Benoît est l'un des leurs. Mais je les adore ! Les échanges que nous avons eu, chez nous puis chez eux, nous ont permis de constater combien nous pouvions nous enrichir les uns les autres en échangeant. Ils nous font découvrir des savoir-faire extraordinaires nous faisons de même pour nos outils, qu'ils ont un peu oubliés…
Que dire au sujet du dernier livre français paru depuis près de 50 ans sur le travail du bois au outils à main (Sébastien Gros) ? Nous connaissons très bien Sébastien, nous connaissons sa capacité à apprendre, à vulgariser, transmettre, comprendre pourquoi afin, justement de "l'expliquer" (on n'est pas dans le "c'est comme ça qu'on fait"). Sébastien est ingénieur dans l'aéronautique. Était-ce franchement à lui, d'écrire ce livre ? S'il l'a fait, c'est que les détenteurs de ces savoirs n'ont pas voulu s'ouvrir, n'ont pas su, n'ont pas voulu. Nous voulons penser que ce n'est que ça… pas parce qu'il ont perdu ledit savoir !
Le livre de Sébastien Gros aux éditions BLB Bois
Heureusement, une nouvelle génération arrive. Ces jeunes, ou moins jeunes, commencent à faire les mêmes constats que je fais. Il commencent à comprendre que leur manque d'ouverture les condamne. Alors, les portes s'entrouvrent : certains "pros" ne vont pas qu'au salon Eurobois, ils commencent à venir avec nous à Épinal (Atelier "Touchons du bois"), ils découvrent leurs lacunes sur les outils à main, ils comprennent qu'il faut "former" leurs clients, le public. Ils ont une vraie conscience que leurs vraies richesses sont dans leurs ateliers, leurs caves, leurs savoir-faire… qu'ils vendent cela.. que leurs réalisations sont seulement les supports de tout cela. Ils savent qu'eux, leurs écoles, les fabricants d'outil, les scieurs, bref tous ceux qui constitue un environnement "professionnel" au sens large, sont "dans la même galère" et que s'ils se mettent tous à ramer dans le même sens et de concert, il pourrons aller loin, très loin.
Alors : Rencontrons nous, échangeons, valorisons nous les uns les autres, faisons découvrir nos savoirs, transmettons, ouvrons nous, communiquons, soyons curieux ! Il en va de notre avenir à tous, de l'avenir de l'excellence française, de notre fierté à tous !
Soyons fiers de ce que nous sommes, de ce que nous faisons… tous ensemble !
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