Accueil > La vitrine > "Mescladis"
Aïe ! Nous sommes sûrs que le nom de cet article de menu qui vous conduit ici, vous a "un peu" interpellé. Vous vous demandez ce qui nous est passé par la tête… allez, on va vous expliquer :
Construire un site, rechercher les mots les plus justes, essayer de ne pas déformer ce qui est issu de chez nos amis Anglo-Saxons, tout cela est fait quasiment par une seule personne. Quelquefois, la pression monte et on a envie de se lâcher !
Bref, un soir, nous nous apercevons qu'il devrait y avoir une section, sur ce site, où nous pourrions parler un peu de tout, de nos idées, envies, humeurs, vous faire partager anecdotes et découvertes, un peu de culture (très humblement) aussi…
Nous avons demandé à Sandrine (voir "l'équipe") comment, en un mot, elle nommerait une page comme celle-là. Sa réponse fut immédiate : "Pêle-Mêle". Nous avons trouvé cette idée assez bonne… nous voilà donc partis dans la création de cette page… mais quelques instant après, Sandrine change d'avis : "Non, il faut appeler ça "mescladis" ! Notre réponse a été tout aussi immédiate : "chiche" !
Donc voilà cette page "mescladis"... en fait, c'est un peu notre blog, comme on dit de nos jours !
Un mescladis, qu'est ce que c'est ?
Nous sommes Occitans et quelquefois certaines expressions en Occitan nous parlent plus que d'autres. Rappelons qu'ici, on dit "chocolatine" !
Donc, un mescladis est un nom qui vient du verbe Occitan "mesclar" (mélanger). En gros, ça peut vouloir dire : mélange, bazar... voilà vous êtes donc sur une page où il y aura tout ce que nous n'avons pas pu classer ailleurs !
Les articles se présentent sous forme de blog.
Nous y mettrons :
15/11/2024
Oui, toujours et encore : Expérimenter, apprendre, transmettre, progresser...
On partage ici, avec vous une de nos journées dans un atelier de sculpture.
Et l'on s'étonne encore de ce que permettent les râpes, de leur très grande efficacité.
On y va ? Prenez quelques minutes et venez avec nous en lisant la suite !
On ne vous avais pas encore parlé de Fabienne ? Eh bien, nous allons vous en parler un peu aujourd'hui.
Fabienne Hôt est sculptrice. Elle a fait ses études au Lycée des métiers d'art, du bois et de l'ameublement, à Revel (31). En 2000,elle entre dans la vie active avec ses diplômes de sculpteur ornemaniste, d’ébéniste et de marqueteur. Elle travaille successivement dans une entreprise spécialisée dans la fabrication de chevalets (lutherie) puis se spécialise en sculpture chez un facteur d'orgues.
Dès 2005, elle ouvre son propre atelier de sculpture. Très rapidement elle a besoin de partager son expérience et propose des stages. Nous faisons bien vite sa connaissance. Nous nous croisons régulièrement depuis.
Il y a quelques jours Fabienne vient nous voir. Les gouges, fermoirs, burins… elle connait et n'a pas nécessairement besoin d'aide ou conseils pour l'utilisation de ces outils. En revanche elle avoue une relative méconnaissance des râpes, même si elle utilise quelques rifloirs. Fabienne travaille sur une commande et pense qu'elle peut faire mieux, plus vite, plus précisément et sans effort. Elle n'ose toutefois pas employer de râpes, par crainte "d'arracher" les bords, d'abîmer le travail réalisé.
Trop souvent, en exposition ou dans notre "salle de jeu" (ceux qui sont venus à l'atelier, connaissent), on utilise les râpes sur un "bout de bois", sans autre but que d'expliquer tenue et usage de nos râpes. Les occasions de travailler "en vrai" sont rares. Nous profitons de l'occasion et nous rendons dès le lendemain dans l'atelier de Fabienne à Roquemaure, dans le Tarn à la limite de la Haute-Garonne ; un très bel atelier d'ailleurs !
Fabienne nous présente son travail en cours. À priori, rien d'extraordinaire pour une râpe. Mais, il est toujours délicat de travailler sur une œuvre en cours de réalisation.
L'œuvre : Deux pièces, deux anneaux d'environ 50 à 60 cm de haut par environ 40 cm de large et une dizaine de centimètre d'épaisseur. Le bois ? De l'érable, un assemblage collé de différentes pièces, aussi bien sur l'épaisseur que sur la largeur.
Fabienne traitera les faces "brutes de gouge". Elle adore jouer avec la lumière et cette finition permet de très belles choses. En revanches intérieur et extérieur de chaque "anneau" doivent présenter une finition sans rupture de courbe et parfaitement lisse.
Là, on adore... deux outils suffiront :
Et c'est parti : En quelques minutes, on Fabienne fait une révision sur l'usage des râpes. Il faut un peu corriger le geste. Oui, très peu de gens savent réellement utiliser une râpe. C'est tellement naturel que chacun se complique la vie avec des gestes, qui ne sont pas naturels ! Mais bon, nous sommes là pour ça, pour optimiser vos gestes ! Fabienne trouve très vite le bon geste. Sa sensibilité naturelle l'aide quand on lui explique que, avec une râpe, comme d'ailleurs avec d'autres outils, il faut "sentir" les réactions de la râpe sur le bois. L'ouïe est importante aussi. C'est un autre excellent "capteur" indiquant le sens d'utilisation optimal de l'outil.
On quitte alors le "brouillon" pour passer sur les "vraies œuvres". C'est Michel qui s'y colle, toujours avec appréhension. Premier problème : les pièces sont assez hautes et, posées sur les hauts établis de sculpteurs, on n'est pas à la bonne hauteur de travail. La bonne position de travail est essentielle pour tout travail : pour la pièce… et pour l'artiste ! On "bidouille" en fixant la pièce à l'aide serre-joints sur la table d'une ancienne très belle combinée Lurem (nous n'avions jamais vue comme celle là). Ne commencez pas à hurler. Nous avons pris bien soin de ne pas abimer la table, la pièce... et les serre-joints. Bon, là au moins, on ne pouvait pas dire que le support n'était pas assez massif !
L'érable choisi par Fabienne s'avère très fin et très dur. Après quelques essais, il s'avère qu'une seule râpe fera l'affaire : Une râpe fauteuil de longueur 250 mm avec un grain de piqûre numéro 9. C'est, pour cette dimension d'outil, un grain considéré comme "fin".
Après quelques très courtes minutes de travail, Fabienne prend la place de Michel et s'attaque à l'extérieur d'un anneau. Premier constat : sur les zones en bois de bout, la râpe "se régale". Il semble que Fabienne apprécie cet outil plus qu'elle ne l'imaginait ! En revanche, comme avec tout très bon outil, il ne faut surtout pas appuyer. On travaille en souplesse. On se concentre sur le guidage de l'outil qui effleure à peine le bois. On est ferme, sans forcer. On utilise toute la longueur de la râpe en veillant à ce que chaque course se superpose à la précédente pour la parfaite continuité de la forme. Le travail avance bien plus vite qu'on ne pensait. La découpe à la scie à ruban aurait pu être plus rapide et moins précise ! Le travail à la râpe est tellement efficace qu'il permet de récupérer le temps passé à s'appliquer à faire une découpe "au plus près du trait".
La courbe sur les zones en bois de bout sont terminées rapidement et on arrive en contrefil. Là aussi, pas de problème. On constate d'ailleurs que l'idéal est de travailler en bois de travers. Bon, ça; on le savait déjà, mais Fabienne avait encore quelques crainte d'arracher les chants. Mais, grâce aux capacités de coupe de ces outils et si on veille à toujours travailler sans trop de pression, aucun chant ne sera abimé !
Fabienne finira seule le travail sur la forme extérieure. On aborde l'intérieur de l'anneau. Là, c'est le dos de la râpe qui est utilisé. On voit sur la photo un peu plus haut ici la position quasi idéale de la râpe sur le travail. L'usage est le même que sur le plat, avec en plus un petit mouvement de rotation dans le sens anti-horaire. Ici, on est bien obligé à travailler en bois de travers. C'est d'ailleurs comme cela que la râpe doit travailler. On constate d'ailleurs que les infimes rayures laissés par l'outil s'accroissent une peu lorsque la râpe n'est pas utilisée parfaitement en bois de travers.
Voici d'ailleurs une vidéo de Fabienne en plein travail sur l'extérieur de son œuvre. Pas d'effort, excellent état de surface, vitesse d'obtention de la courbe, enlèvement de matière rapide... Que des avantages !
Il restera maintenant à finir la surface au racloir. C'est là une autre histoire !
En conclusion et au delà de l'efficacité de nos râpes, cette petite expérience prouve combien il est important pour un fabricant d'outils à main de pouvoir travailler dans un atelier avec les artistes. Tout le monde apprend... l'artiste, qui se perfectionne en permanence (sauf ceux qui savent déjà tout !), le fabricant qui développe encore et toujours son savoir et sa pédagogie qui sera utile pour aider d'autres à apprendre ou se perfectionner.
Merci à Fabienne Hôt pour ces quelques courtes heures dans son atelier.
D'ailleurs, si vous en profitiez pour suivre un stage chez elle ?
Atelier de sculpture Fabienne Hôt
Une vidéo plus complète est visible ici.
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